Frank

Une rencontre avec Fränk ne laisse pas indifférent. De son parcours singulier, on retiendra 1000 choses, entre des éclats de vie percutants et une foi presque divine, rayonnante, qui caractérise un personnage au parcours singulier, « entre l’ombre et la lumière ». Celui d’un jeune homme destiné à une carrière de hockeyeur, stoppé dans l’élan, à 18 ans, par une blessure redoutée, redoutable. Un passage compliqué, imposé, qui le conduira vers le Pacifique, de l’Australie aux îles Fidji, en passant par la Nouvelle-Zélande. De cette traversée formatrice, indispensable, vitale presque, durant laquelle Fränk perfectionnera son anglais, il conservera des souvenirs, touchants et personnels ; des mélodies, vibrantes et chaleureuses ; des images, sensibles et profondes. De quoi repartir de zéro, tout en gardant les acquis de ses années sportives : la rigueur, un sens aigu du travail, une ligne directive définie et précise, concrète ; des atouts indéniables pour celui qui, naturellement, troqua sa crosse contre une guitare.Un instrument à part, pour Fränk, à partir duquel tout a fini par se reconstruire. Grâce auquel tout a recommencé. Cet instrument si fort, indomptable et finalement dompté, devenu le compagnon indéfectible d’une carrière bâtie sur la route. Entre ses cordes raides, toujours sur le fil, son acoustique radieuse et sa folie électrique (le guitariste aime à citer Electric Ladyland, troisième album de Jimi Hendrix, artiste absolument libre qui a tellement compté sur le chemin du Parisien). En bref, le coup de foudre d’une vie. Sans pour autant perdre de vue des objectifs essentiels, en guerrier tranquille, Fränk poursuit son ascension, entre les cordes de sa gratte et ses autres vocales, d’une douceur contagieuse, qui le poussent à chanter, comme sur l’excellentissime Fou, titre doux mais tranchant, bilan d’une vie déjà bien remplie, à seulement 28 ans. Des airs chauds, chaleureux, plein d’enseignements chantés dans des refrains foncièrement soul (le titre éponyme Dans la Tête en est la magistrale démonstration), que ce Parisien de naissance apprendra à bras-le-corps, trouvant dans cette discipline un exutoire inespéré et passionnant. Au point de retrouver sur scène les mêmes sensations que sur la glace, lorsque le garçon gardait les cages de son équipe. Un revirement profond, rendu possible grâce à une force de caractère commune aux grands sportifs, traduite ici dans une volonté acharnée, chevillée au corps, de vivre de sa passion, coûte que coûte. Une puissance d’esprit, toujours en éveil, que l’on retrouve dans l’œuvre de Fränk, tout au long de son premier ep 6 titres, intitulé Dans la tête, sorte de recueil où le blues et le funk se retrouvent autour d’un groove véritablement captivant (comme sur le titre d’ouverture, Down). En alternant les morceaux calmes et ceux dansants, en mêlant des textes forts et d’autres plus légers, Fränk convoque sur un seul et même disque toutes ses influences, de Stevie Wonder à Michael Jackson, en passant par Amos Lee, Ben Harper ou les trois King : Albert King, B. B. King et Freddie King. Des références propres à ce personnage attachant, zen mais déterminé, bien entouré (on parlera de Spleen & The Black and White Skins, des membres de Namaste, de Hugh Coltman et beaucoup d’autres), bouleversé par la profondeur de la musique noire américaine, qui parle de chansons avec une application d’orfèvre. Comme si la glace de son enfance avait progressivement fondu pour mieux enflammer la « nouvelle » scène. Lauréat du SFR Jeunes Talents, il obtient sa carte pour jouer aux Francofolies de La Rochelle. Après avoir suivi James Hunter sur la route lors de sa tournée en 2013, Fränk eu l'honneur d'ouvrir entre autres pour Meshell Ndegeocello, Keziah Jones, Dr John, Ziggy Marley, Robert Cray ou encore Raul Midon puis d'accompagner Hugh Coltman lors du Festival 36 heures de Ste Eustache. il est lauréat du prix des Musiciens du Métro et participe à Solidays en 2014 sous la tutelle de Patrice et Hollysiz. En 2015, Paul Personne le prend sous son aile et l'embarque sur sa tournée à travers la France. Comme si ca ne suffisait pas, il est invité au Tahiti Guitare Festival à Papeete aux côtés d'Oldelaf et Amandine Bourgeois. Un parcours déjà riche pour ce jeune trentenaire, chanteur à part sur l’échiquier local et qui pourrait bien faire parler de lui au-delà des frontières de l’hexagone.